Préambule : le murmure des pins, la mer en aparté
Le Marbella Club ne se “voit” pas : il se respire, il s’écoute. Une allée ourlée de bougainvilliers, des pins parasols qui filtrent le soleil en taches mouvantes, le remugle salin qui précède la mer… Et soudain, une blancheur de chaux, un patio où l’eau susurre. Ici, la douceur de vivre n’est pas un slogan : c’est la matière première.
1. Genèse : avant le mythe, la vision
Le prince, la finca, l’étincelle (fin des années 1940 – 1954)
Quand le Prince Alfonso von Hohenlohe-Langenburg découvre Marbella, ce n’est qu’un village de pêcheurs enlacé par la Sierra Blanca. La finca Santa Margarita devient son refuge. Très vite, il imagine un lieu où les amis seraient reçus comme chez eux, loin des protocoles, près de la mer. En 1954, ce rêve prend forme : le Marbella Club ouvre avec quelques chambres, beaucoup de soleil et une idée précise de l’hospitalité.
2. Rudi von Schönburg : plus qu’un “Señor Conde”
Le jeune professionnel qui donne une âme au projet
Rudolf von Schönburg-Glauchau — parent, ami, complice d’Alfonso — arrive presque incognito. Pas seulement l’aristo affable qu’on surnommera “Conde Rudi”. Rudi est formé, rigoureux, obsédé par le détail juste : celui qui ne se voit pas mais se ressent.
Le chef d’orchestre invisible : Rudi ne dirige pas, il chorégraphie. Température des piscines, place d’une table, hauteur d’un parasol, coussins qu’on retourne avant la sieste — l’hospitalité devient une partition.
L’élégance informelle comme manifeste : Ni dorures criardes ni démonstrations de puissance. Il préfère la patine, la chaux, le lin, les bouquets fraîchement cueillis.
La mémoire vivante : Bien avant les CRM, Rudi se souvient des préférences : un Martini plus sec, un oreiller plus ferme, une table “vue mer mais pas plein soleil”. Ces gestes minuscules tissent une fidélité indéfectible.
Rudi n’est pas le “visage” folklorique du Marbella Club ; il en est la respiration. Il fixe un ADN : un luxe intime, discret, toujours tourné vers le bien-être du visiteur.
3. Les jardins : une scène verte, sublime et habitée
Un théâtre botanique où s’écrivent les heures
Au Marbella Club, on traverse les jardins comme des chapitres. L’ombre dense des ficus cède à la lumière douce des citronniers. Les allées sentent la terre humide du matin ; le soir, les jasmins exhalent. Les pelouses — d’un vert presque tendre — invitent à marcher pieds nus, à renouer avec cette sensation oubliée : le contact du vivant.
Les jardins du domaine sont sublimes parce qu’ils ne cherchent pas l’effet carte postale. Ils vivent, changent de tonalité selon la saison, offrent des alcôves pour la lecture, des clairières pour une conversation, des bancs en pierre où s’abandonner. Là, un bassin miroite ; ici, une pergola retient les derniers rayons. C’est une scénographie verte, pensée pour ralentir la cadence interne.
4. La douceur de vivre comme ligne directrice
Une intensité feutrée, un temps dilaté
Douceur de vivre. Le mot est galvaudé ; ici, il regagne du poids. Elle est intense parce qu’elle est dosée : on vous laisse le loisir d’un lever tardif, d’un petit-déjeuner sous les pins, d’un déjeuner face à la mer, d’une sieste sous la pergola… Rien n’est imposé, tout est possible.
La lumière dicte son tempo :
Matin nacré, odeur du café et premières conversations feutrées.
Midi éclatant, nappes blanches criblées d’ombres végétales.
Crépuscule rosé, lanternes qui clignotent, murmures prolongés jusqu’à la nuit.
5. Le bien-être au cœur : philosophie, pas département
Spa, respiration, gestes précis
Le bien-être n’est pas “annexe” au Marbella Club. Il irrigue tout : l’architecture, les menus, les rythmes, le ton du personnel. Le spa, discret et enveloppant, privilégie l’aromathérapie délicate, la main experte, le silence maîtrisé. Le golf se déroule comme une promenade dessinée dans les collines. Les cours de yoga respirent la Méditerranée. Même les enfants s’inventent des souvenirs au kids’ club, libérant les parents de leur vigilance, libérant l’esprit.
Ici, le bien-être est au cœur, non en vitrine. On sort allégé, réaccordé.
6. Une évolution sans reniement
Continuité et métamorphoses mesurées
Au fil des décennies, le Marbella Club s’agrandit, se modernise, mais sans changer de peau. Rudi veille longtemps, transmet, forme. Les nouveaux propriétaires respectent la grammaire intime du lieu : un luxe qui s’éprouve, pas qui s’affiche.
7. Pourquoi on y revient — et pourquoi on en parle
Parce que le Marbella Club raconte autre chose qu’un hôtel : une manière d’être au monde. Il y a la Méditerranée, oui. La Costa del Sol, bien sûr. Mais surtout cette impression d’avoir été reçu, attendu, enveloppé. Et de repartir avec plus qu’un bronzage : un tempo intérieur retrouvé.